Larmes blanches sur maux miroirs, et l’arme blanche des mots. Poignards. Alors, Grégoire, est-ce toi finalement qui avait raison ? Faut le prendre ce train ? Enfin, le rater plutôt, le précéder d’un instant, d’un simple saut dans le temps, trouver le rail pour ne pas perdre la raison, finir en charpie avant que les mots ne nous hachent menu, ne nous mettent au menu d’un faim programmée, d’une fin annoncée….
Trouver les voies qui mènent vers déraison, ne pas écouter les sermons, ni les cons, rester entière même si en morceaux, ne plus poser les mots, reine noire sur échiquier virtuel, puisqu’on la veut telle. Ne plus me montrer nue, ne plus se poser sur ce fil ténu du rationnel, du relationnel. Pour l’hirondelle pas de salut, elle ne vole plus. Une larme blanche l’a épinglée sur la porte de la grange, noire de mots et tachée de typex, telle une affiche périmée, un avis de passage du postier, une lettre oubliée. Qu’importe les mots dessus, vu qu’ils ne sont pas lus, ils sont simplement vu a travers ce putain de miroir, qui sue le pus et qui n’a de tain que le noir.
Et moi, j’ai peur Grégoire, j’ai si peur du noir. Et là au bord du quai, c’est tout noir, j’ai beau chercher un petit point lumineux, de ceux qu’on voit quand on ferme très fort les yeux, je ne vois que du noir, et j’ai peur, une frousse terrible qui me paralyse, qui me maintient en équilibre, là au dessus des rails…
J’ai peur, pas de la mort, pas du geste, pas de m’élancer. Non j’ai peur de l’in-finalité, qui peut savoir si finalité il y a, d’ailleurs. Pourrais-je décider de mourir encore plus loin quand je serai morte ? Il y a-t-il un état derrière l’état, un territoire encore plus lointain ? Dans la mort, existe-t-il un demain ? ou n’y a-t-il plus rien ? Imagine que c’est pareil de l’autre coté, qu’il y a l’enfer de la vie, dans l’envers de la mort ? Imagine qu’il n’y ait de l’autre coté aucune porte de sortie, ni d’entrée, ni de fenêtres. J’ai peur Grégoire, je suis terrifiée. Que ferai-je si je devais passer à l’acte et découvrir que je suis condamnée à l’éternité ? Car il se peut qu’on me condamne à la conscience, à la garder, à regarder encore et encore tout ce que je ne veux plus voir, à subir encore et encore mes doutes, mes errances, mes paradoxes, enfin moi toute entière. Imagine que je fasse le geste et que rien ne s’arrête…. Moi, c’est le vide que je cherche, le néant, le silence absolu… parce que c’est là que j’ai rendez-vous avec la lumière. Je crois. Peut-être. Je ne sais plus…
Dis-moi, Grégoire, crois-tu que l’âme puisse perdre la mémoire ? souvent je le crois, puis j’hésite, est-ce notre condition de « vivants », nos états de sur-vivances qui nous rendent amnésique ? Certains racontent que même le chaos s’explique, pourtant…
Pourtant mon âme, je la sais, je la sens qui s’agite, qui doucement palpite, caressant mon coeur, habitant chaque parcelle de mon corps. Ce corps plus lucide que mes pensées, qui sait s’offrir, se donner, jouir, sans réflechir, sans compter… Oui mon âme existe, même si aujourd’hui elle chancelle, comme essouflée en bout de piste, sous pluie battante de larmes blanches…
Caly
Tiens bon, la lumière est ici, tu la re-connaîtras.
RépondreSupprimerPuisses-tu dire vrai, Calyste...
RépondreSupprimerLe doute rend-il plus résistant ? oui, je le crois.
:)