Excuses mon silence, Magicien, j’étais en pays d’Absence… J’ai cru un instant ne pas revenir, trop envie de partir, quitter ce monde de fous…
Tu vois, parfois j’ai froid, parfois j’ai peur… c’est comme un souffle glacial venu de loin, venu d’ailleurs… et je tremble, couchée en position foetale, au fond du lit ou du jardin, dans un coin sombre, me fondre dans l’ombre, qu’on me laisse, qu’on me lâche enfin…
J’ai peur de la haine, c’est contagieux tu sais, la haine… C’est comme la peste, cela noircit l’âme, le coeur… Cela noircit la vie surtout… Moi, je ne veux pas être contaminée, alors je me fais toute petite, devant la vie, devant les avanies… Je pleure en silence et je coule… pas d’importance…
Parfois, on ne guerrit pas des blessures, je parle de celles de l’âme, de celles du coeur… et non pas de la douleur physique qui s’oublie dès que passée, telle une rage de dent dont on ne se souvient plus avant la suivante…
Et, tu vois, certains jours les souvenirs ressurgissent, prennent toute la place, la blessure se remontre, grosse plaie béante…. et je reste impuissante devant la douleur, je sais pourtant que la seule manière de guérir, c’est de partir… et ces jours là j’ai envie… j’imagine une toute petite coupure, bien nette, à la lame gilette et le goutte à goutte inversé de mon sang, qui perles écarlates jaillissent et s’écrasent en une fuite de vie sur le carrelage de pierres grises, aussi grises que les pensées qui fusent.
Je revois tous les choix, tous les carrefours de ma vie… et j’imagine qu’à chacun d’eux, dans une vie parrallèle, une autre Caly à choisit une autre direction… L’une d’elles serait morte sous un cerisier, une autre aurait un fils nommé Sébastien, une autre encore…
Mais je délire…
Oh ne t’inquiètes pas, je sais bien que la mort ne veut pas de moi… pas encore. Faut croire que je n’ai pas atteint le quotat de larmes… ni celui du sourire non plus…
T’ais-je jamais raconté la fin de l’histoire du cerisier ? non, il est vrai que je n’en parle jamais… probablement parce que ce n’était pas la fin tant espérée… C’est un chien qui m’a retrouvé, un jeune batard d’épagneul et de berger allemand, que son maître promenait non loin… moi, je n’étais presque plus là, je ne me souviens de rien… c’est l’homme qui m’a raconté quand il est venu me visiter à la sortie du coma… il m’a dit son chien qui hurlait à la mort assis à mes cotés et la peur qu’il a ressenti en me voyant inconsciente et couverte de sang… Il me croyait assassinée, morte déjà… moi j’écoutais, je le regardais… je sentais bien qu’il attendait un merci, un geste d’affectueuse reconnaissance… Mais comment dire merci à celui qui, par son intervention, vous a retenu en enfer ? Je lui devais la vie, mais la vie ne m’étais rien, donc nous étions quitte, et je me suis détournée sans un mot, sans un regard, des larmes de rage plein les yeux pour ce départ manqué…
Ce n’est que des années plus tard, que je l’ai cherché et retrouvé… deux ans, ou trois peut-être avaient passé… là j’ai été chez lui, je lui ai dit ce merci qu’il n’espérait probablement plus, je lui ai demandé de m’excuser aussi pour avoir tant tardé… je lui ai demandé le nom de son chien, “Arnak” m’a-t-il dit… et nous avons éclaté de rire, parce que finalement vrai que c’est une belle arnaque la vie…
Mais si je prend la plume aujourd’hui, Magicien, c’est avant tout pour te dire merci. Car, une fois encore, je m’étais aventurée très loin sur le chemin…
Non pas un caprice, ni une folie, simplement la vie, la haine, le mépris, toutes ces petites choses subies qui rouvrent les blessures non cicatrisées… et bien que je t’ai confié mon âme, me reste le coeur à guérir et ce n’est pas facile, tu sais à quel point il est fragile…
Alors oui, je te dis merci car c’est, je le sais bien, ton égrégore qui a dirigé mes lectures vers Epicure, vers Pythagore. J’ai lu, j’ai bu chaque mot, puis j’ai fermé les yeux, trop de puissance, trop de lumière dans ces phrases…
Et sous mes paupières closes, j’ai ressenti ton regard qui se pose…
…à travers le temps, à travers l’espace…
…sur moi.
Merci
Caly 07.2005
J'ai tout relu "Cavale" et encore je flanche en le lisant il y a sans doute des passages que je n'avais pas aussi bien ressenti auparavant
RépondreSupprimerSais pas vraiment expliquer ce qui se passe en moi
Bises petite sirène
Lapinou motocycliste
Kikou Gentil Dauphin,
RépondreSupprimerJe t'avoue que j'ai pleuré en relisant ce texte avant de le poser ici. Mais je ne pleurais plus sur mon nombril, mais plutôt sur toutes celles qui ont subi ça.
J'aurai mis le temps, mais je suis enfin guérie de cette blessure là.
Tu sais ? Certains disent que "ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort". Je ne suis pas certaine que ce soit vrai. Par contre, je sais que ce qui ne nous tue pas, nous fait vivre plus intensément et mieux qu'avant :)
Bises Lapinou
ps : et pour janvier tu phones avant hein ! Compris ? *rires*
J'ai relu ces textes avant d'écrire un commentaire. Tu n'es pas obligée de me croire, mais j'ai vraiment l'impression d'entendre et de me mettre à résonner avec ce que tu as pu gueuler à la face du monde à l'époque, ce que tu en as fait aussi, notamment avec ce texte qui peut te sembler être avant tout un exutoire, mais qui va bien au-delà. Parfois il ne s'agit pas de ne plus s'approcher du gouffre, mais de ne jamais plus se pencher au dessus lorsqu'on se sait attirer par le vide.
RépondreSupprimerOui Christophe, tu as tout compris. "ne jamais plus se pencher au dessus lorsqu'on se sait attiré par le vide"
RépondreSupprimerC'est tout à fait ça !
Bises tendresse ! da garan