Premier de l'an et mots flottants.
Page blanche et l'ange, non pas l'archange, l'ange j'ai dit ! qui se démène pour démèler les maux. Le correcteur d'orthographe me rappelle à l'ordre : "démèler" n'est pas un mot correct. Va savoir pourquoi je m'en fiche.
Premier jour d'une année qui n'annonce rien, à part une page grise, une page pas sage, passage d'un éphémère faux à un évanescent vain.
J'ai le blues ce soir, tu l'auras compris.
Elle a 87 ans, il en a 62. Elle l'a couvé et toujours refusé de couper le cordon qui les liait avant, du temps ou son ventre à elle était son temple à lui. Il est entré, resté dans cette relation comme on entre, rentre en religion. Ils sont devenus inséparables, souffrants de se voir, n'acceptant de s'entendre, refusants de s'écouter.
Je suis la spectatrice entre les deux. Si longtemps taiseuse, refusant d'intervenir. Leur histoire n'est pas la mienne. Je suis autre, je suis l'autre, une simple notion importée sans valeur ajoutée.
Elle développe un cancer. Dans la bouche. Comme moi. Vacherie d'ironie ou manque d'imagination du destin ?
Elle a peur et sa peur la rend humaine. Elle la femme fière, méprisante, hautaine, soudain prend conscience que j'existe, que je suis aussi humaine. Elle me pleure ses peurs, ses angoisses de mourir, comme si je n'étais passée par le même sentier, comme si j'étais d'airain ou de gravier...
Je la console. Je lui explique certains examens. Le reste, tout le reste, toute la galère à venir, je ne lui dis pas. Pas la peine. Ce n'est pas l'instant.
Son fils ? Il était là, un peu absent, heureux, je crois que j'ai pris le relais...
Je ne sais pas quelle est la femme de ce portrait, ta grand-mère ? ta mère ?
RépondreSupprimerQuoi qu'il en soit il y a parfois des rappels à notre condition d'humains destinés à la mort qui nous giflent de plein fouet et qui réveillent en nous quelques notions endormies depuis je ne sais quand. Ironie effectivement que de toutes les parties du corps aptes à recevoir la maladie, elle se soit vue habitée au même endroit que toi... est-ce une souffrance supplémentaire pour toi ?
Quant à la laisser découvrir son propre chemin de croix... oui, je crois bien qu'il n'est pas temps de lui en dévoiler la douleur.
Un pas à la fois, je crois que c'est la seule cadence acceptable.
Kikou Pakita,
RépondreSupprimerNon, je n'ai plus de famille, ma génitrice, mon père, mes grands-parents sont tous décédés depuis des années. J'ai une soeur, aussi, mais je ne l'ai plus vue depuis des années. Et c'est bien ainsi. Game over entre elle et moi. Basta.
C'est une dame la mère d'un copain que j'appellerai Mat ici, pour la facilité.
Souffrance supplémentaire ? Je ne sais pas. C'est un poids à porter c'est certain. Difficile sachant la galère de rester sereine face à ses peurs. Tu comprends ?
Elle ne m'a pas vue pendant mes traitements. Elle n'a pas vu les dégâts. Elle ne peut donc imaginer par où je suis passée. Et maintenant, j'ai bien constaté qu'elle est tellement recentrée sur elle même que hier, elle si elle m'a regardée, elle ne m'a pas vue. Tant mieux.
Je crois en toute honnêteté, (mais je peux me tromper hein) qu'avertir un malade des galères qu'il va subir, ne peut que le stresser, et le stress n'aide en rien.
Et puis, je crois aussi (suis-je lâche ?) que c'est aux médecins de dire ce qu'il faut dire en fonction de ce que le malade peut entendre. Ils ont plus d'expérience que moi.
Perso les Docs m'ont annoncé le cancer sans mettre de gants. J'ai apprécié. Vraiment. Mais faut dire aussi que je donne l'impression de la nana solide, bien dans sa peau, capable de gérer toutes les merdes qu'on peut lui annoncer... sourires.
Par contre, en ce qui concerne les effets secondaires des traitements ils ont prudemment fermé leurs gueules. Ils ont eu raison aussi. Parce que si j'avais su ce que j'aurai à subir, probable que je n'aurais pas laissé la médecine s'occuper de mon cas :)
Comme quoi tu as raison, un pas à la fois ;)