Oui, je compend tes doutes, tes craintes, ta solitude. Mais dis-moi que serions-nous s'il n'existait que certitudes ?
Je ne suis pas gardienne de ma mémoire. Quand un souvenir surgit, qui peut savoir si, pour le sortir de l'oubli, mon esprit n'en a pas changé l'histoire ? S'agit-il d'un fait brut, sans ajout, sans censure, est-ce l'essence pure d'un instant passé, où y a-t-il une valeur fausse ajoutée ? Je dois te paraître confuse. Et déjà le fait de poser les mots abuse, tant l'écrivain que le lecteur. Les souvenirs à peine éclos se meurent, changent de parure, se déforment sous l'effet de l'écriture. Ils sont comme le sable, mouvants, morts et pourtant vivants. Je ne sais où est la Vérité. Est-elle à notre portée ? J'en doute. Nous n'avons que le corps et l'esprit pour explorer la route. L'un dominant l'autre, l'autre dominant l'un, selon chacun. Et quand bien même, trouverai-je l'équilibre total entre les deux, qui peut dire si j'avancerai mieux ou plus vite ? Tant l'un que l'autre sont mes limites, bornes, frontières, qui ne me laissent apercevoir qu'une partie de la réalité. D'ailleurs comment appréhender un Tout, lorsque l'on fait partie de l'ensemble ?
Alors comme toi, j'hésite, je doute. Parfois je m'égare en route. Mais j'aime mes amnésies, je les ressents comme utiles à mes sur-vies. Oui je parle au pluriel, car je suis pluri-elle. Je te l'ai déjà dit je crois. Pluri-elle au singulier. Pas au pluriel. C'est important. Je t'écris et pourtant mon esprit s'évade, rêve en cascades, les pensées et les idées cavalcadent, s'inventent, se mèlent aux souvenirs à venir déjà déformés parce qu'ils viennent du passé. Le temps est-il la norme ? Où une simple invention de l'homme ? Il me faudrait un point fixe pour en voir le mouvement. La Foi apporte-t-elle ce point là ? Je ne sais pas… La Foi je ne la possède pas…
Pourtant quelqu'un m'a dit que Dieu existe, que même le cahos s'explique. Oui, peut-être. Il se peut qu'existe quelque part un architecte. Mais je ne peux m'empêcher de penser que toutes ces lois qui nous entourent, qu'elles soient physiques, mathématiques, artistiques même, ne sont que limitations. Notre imaginaire manque de dimension. Nous n'arrivons pas à changer de fréquence, de séquence. Au mieux, nous brodons sur la réalité, la seule que nos sens permettent d'appréhender. Mais qui dit qu'il n'existe pas d'autres vérités ? Des milliers, des milliards d'autres vérités ? Et peut-être qu'en les acceptant toutes, nous arriverons un jour à approcher une. La seule. La vraie. LA Vérité…
Mais je ne peux nier la Lumière. Celle que je vois, que je ressens. Celle qui émane de l'humain. De tous les humains. En proportions différentes selon chacun. Elle existe. Elle EST. D'où vient-elle ? De l'âme? Du coeur? De l'intérieur de soi assurément. Et comment faire grandir la mienne ?
Tant de questions. Je voulais te répondre et je ne fais que te (me) questionner. Manque d'imagination sans doute…
Caly
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