Une clairière, un chêne centenaire, et le chant du merle noir dans la chaleur du soir…
Une fille, endormie, baignant dans les rayons du soleil couchant, allongée au pied de l’arbre sur un lit de bruyères, rêvant peut-être, à de doux mystères… à l’amour probablement…
Le merle rieur s’approche, de sa pupille étincelante détaille la belle allanguie. Le dessin pur des sourcils, la courbes des cils qui ombrent doucement les paupières closes, le nez, la pulpe des lèvres si rouges qui semblent si douces…
Il admire lui si noir, la blancheur de la peau, le cou si fin, la rondeur de l’épaule, le galbe des seins… détaille le corps nu, trop pudique dans d’impudeur, offert dans le sommeil, comme en attente de réveil, cette femme… si belle….
L’oiseau, non plus moqueur, éprouve une étrange langueur, une envie, un désir, se sent homme-volant, se transforme en homme-amant.. D’un battement d’ailes, pour un battement d’elle, il va cueillir à l’orée de la clairière, une fleur dorée, une de ces merveilles éphémères qui ressemble à un bijou, qui en pays de rêves font partie des trésors les plus fous…. et doucement en caresse le visage à la peau satinée… il lui chatouille la nuque et s’enhardissant peu à peu, d’un frolement de pétale, d’une caresse florale, approche ce corps fait de nacre, tel coquillage aux couleurs irisées…
Mais la dormeuse ne réagit pas, son souffle reste calme et pur, aucun frémissement ne parcourre sa peau, elle dort, tranquille… Pourtant le merle n’a qu’un désir, voir la couleur de ses yeux, l’éclat de son regard…. mais elle dort, gracile, fragile….
Et l’oiseau de désespoir, d’un coup de bec, s’arrache une plume, la plus belle, la plus noire, la plus douce aussi… et le merle, dessine sur la belle, d’une écriture fine, tout en pleins et en déliés, les arabesques de son désir… il dessine la pluie et le vent, l’automne et le printemps, il décrit, de sa plume, les nuages et le temps… il lui parle de soleil et de rayons de lune, il lui raconte les joies et aussi l’amertume… il écrit, mais finalement c’est son chant qu’il traduit, là, sur le corps aimé….
La dormeuse s’alanguit soudain, s’offre, s’ouvre, se donne sous le plaisir des mots, un sourire illumine son visage, bien qu’elle garde les yeux clos… et le merle continue, décrit les montagnes, les ruisseaux, l’enfant de la rue, et les mondes clos, il écrit l’amour, l’amitié, la souffrance et l’errance, plus rien ne peut l’arrêter, il a le monde à ses pieds…
La belle ouvre les paupières, la plume se fige… Et l’oiseau penaud se fait timide devant ce corps humide…
Elle le regarde,calme et fière… de lui.
« tu es poète! »
« Non, je ne suis que merle… »
« Qui peut savoir où niche la poésie ? » … silence….
« Comment t’appeles-tu ? » demande alors l’oiseau.
« Muse » répondit-elle, embrassant le merle, avant d’un soupir, d’un sourire, se transformer en oiseau-lyre, et d’un rire mèlé de larmes, encore sous le charme, prendre son envol….
Caly
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire