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dimanche 22 janvier 2012

Paumée

je t'en parlais ici

La situation a évolué depuis.

La vieille dame à subi des examens plus approfondis.   Le bilan est que les toubibs renoncent à la chirurgie, ils devraient lui amputer les 3/4 de la langue.  Inconcevable, cela impliquerait des années à passer ensuite sur le billard pour chirurgie réparatrice.

Ils lui ont donc laissé le choix : soit un accompagnement de "confort" à coup d'anti-douleurs performants et laisser la tumeur en l'état, soit un programme de radio-thérapie intensive de sept semaines, mais sans chimio (parait qu'ils ne pratiquent plus la chimio à partir d'un certain âge...)

Mat m'a demander de téléphoner à sa mère pour influencer sa décision.  Il m'a vue pendant le traitement, il sait à quel point j'ai douillé, il ne veut pas que sa mère subisse ça.

J'ai refusé d'influencer.  Je ne m'en sentais pas le droit.  Qui suis-je pour conseiller un ou une autre quant il ou elle doit prendre des décisions aussi essentielles?   

Je me sens un peu paumée...   La vieille dame à décidé de le suivre ce traitement.  87 ans.  Elle pèse pour l'instant 48 kg.    Aujourd'hui je ne sais si j'ai eu tors ou raison de refuser de lui expliquer, de lui dire à quel point ce traitement est dur, presque inhumain...

Demain matin, elle entre en clinique pour 24 heures, le temps de se faire poser ce que j'appelle un "biberon",  à partir de ce lundi, ils vont la nourrir directement dans l'estomac.  Note que cela lui évitera tous les désagréments de la quasi impossibilité de déglutition,  des étouffements et autres joyeusetés...

Mais tu vois, toi qui me lis, je me sens vraiment mal ce soir.  Ais-je eu raison ou tors ?  A ne pas vouloir m'immiscer dans la vie d'une autre, ne lui ais-je pas, in fine, laisser prendre la mauvaise décision?

Perso, j'ai 33 ans de moins, mon traitement est fini depuis le 9 septembre 2011, et je n'ai toujours pas récupéré.  J'étais une femme en pleine forme,  je pétais la santé avant le début de tout ce cirque.  Là je ne suis plus que l'ombre de moi-même.  Et encore je n'ai pas à me plaindre, cela va beaucoup mieux au fil des jours.

Mais cette vieille dame...  comment va-t-elle pouvoir résister à ce tsunami ?

Ais-je eu raison ou tors ?  Devais-je lui dire, tout lui expliquer ou pas ?  Pourquoi me suis-je tue ?  par confort personnel ou par respect de son libre-arbitre ? 

Paumée, je te dis, je suis complètement paumée...

6 commentaires:

  1. J'imagine en effet dans quel état tu dois être et bien sûr je n'ai pas de conseil à te donner.
    Ce que je me dis c'est que si tu lui avais dit quoi que ce soit, tu serais aujourd'hui dans le même état, te disant que peut-être tu lui avais ôté la chance de s'en sortir !
    Je pense que si quelqu'un doit parler des effets du traitement, ce sont les médecins ! Toi tu as déjà tellement souffert, alors pourquoi te rajouter une autre souffrance !
    Ce qui est étonnant c'est que les médecins propose à une femme de cet âge un traitement aussi lourd, aussi douloureux ! Qu'en sera-t-il de son coeur par exemple ?
    Mais Caly, je ne pense pas que tu aurais pu l'aider, parce que ton expérience ne sera pas la sienne. Imagine que quelqu'un t'aie prévenu avant que tu subisses tout cela, est-ce que cela t'aurais influencée ? Est-ce que tu aurais fait un autre choix ?
    Et puis "l'ignorance protège" parfois... peut-être qu'elle aurait tout de même pris la décision de faire ce traitement... mais sachant ce qu'il attendait aurait souffert à l'avance.
    Je ne sais pas. Je dis peut-être (sûrement) des bêtises. Je suis désolée que tu aies à vivre cela en plus.

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    1. Je suis assez d'accord avec Pakita. Et puis, te demander ça à toi me paraît malsain ou en tout cas pas très malin (Excuse-moi). C'était justement te mettre, même involontairement, dans l'état où tu te trouves en ce moment. Tu as fait ce que tu as jugé devoir faire, en ton âme et conscience. Et les questions que tu te poses ce soir prouvent, ô combien, ta grande humanité. Sois sereine, Caly, tu es quelqu'un de bien. Je t'embrasse.

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  2. Je dis comme Calyste : quelle idée de t'avoir posé cette question à toi ? C'est un peu facile ! Et pas malin. Et pas juste non plus, parce que dans tous les cas de figures, faire ceci, faire cela, ou ne pas répondre, tu étais condamnée à être mal à l'aise.
    Dors en paix la belle, tu le mérites
    Bises

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  3. Merci à tous pour vos messages

    Vous avez raison, je n'ai pas à porter le poids des souffrances des autres. Je n'en ai pas la force pour l'instant. De toute façon, je crois, après moultes réflections que j'ai fait le bon choix, expliquer, dire, raconter n'aurait servi à rien, au contraire.

    Faut croire que je donne l'impression à mon entourage que j'ai retrouvé ma et mes forces d'avant. Ils font comme si le cancer s'était évanoui, comme si ce n'avait été qu'une mauvais grippe. Et donc ils recommencent à me demander de trouver des solutions à tous leurs ennuis, bobos, chagrins, etc...

    Moi, je demande qu'on me lâche un peu, j'ai besoin de temps, de souffler, de me dorloter et de reprendre pieds, petit à petit, à mon rythme, ou plutôt au rythme de mon corps qui n'en mène pas large parfois.

    Quoi qu'il en soit, vos messages, ici et en privé m'ont fait du bien. Merci :)

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  4. Quand je t'ai retrouvée, j'ai juste lu la dernière page du blog. Hier soir, pour comprendre ta note, je suis partie pour un voyage dans le temps, et j'ai tout lu. Pas rattrapé les 3 ou 4 ans d'absence, mais au moins j'ai vu à quel point tu en as bavé en 2011.
    Alors, ici, j'ai juste envie de te dire d'être un peu égoîste.
    Sois pas paumée.
    Prends soin de toi.

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    1. Merci Pastelle.

      Promis que ça va beaucoup mieux aujourd'hui. Je prends soin de moi, ne t'inquiètes pas :)

      Merci aussi d'avoir pris le temps de voyager dans le temps de ce blog :)

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