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vendredi 18 novembre 2011

Aurais-je le B.A.C.* ?

 Les examens sont finis.  J'ai passé le Petscan ce midi.

Trois heures d'attente.

Attente dans la salle d'attente (avoues qu'elle porte bien son nom, la salle).  Attendre l'injection.  Attendre que le produit agisse - 1 h 30' quand même.  Attendre que la machine fasse son boulot.  Attention ! PAS bouger ! 25' dans le tunnel.  Attendre qu'ils me relâchent.

A la sortie on me précise : évitez d'approcher les femmes enceintes et les bébés jusqu'à demain.  A cause du produit...  (Je suis radio-active  - note que ce sera ma seule activité aujourd'hui ;-)

Bon les bébés, je peux facilement les repérer, mais je pique un fou-rire en m'imaginant, avant d'entrer dans l'ascenseur, demander s'il y a une femme enceinte dans la cabine, auquel cas j'attendrais le suivant.

Vi je sais, un rien m'amuse.

L'humour comme dernier rempart face à l'angoisse.  Toute cette galère aura-t-elle servi à quelque chose ?  Ce traitement de "oufs" qui m'a occasionné plus de douleurs que la tumeur elle même.  Ces chimios qui m'ont pourri la vie, les reins, les intestins.  Ces rayons qui m'ont laissé la peau brulée à vif, les chairs sanguinolentes durant des jours.  Cette fatigue, cette déprime, toutes ces nuits d'insomnie.  Cette non-vie parce qu'en traitement.  L'arrachement de toutes mes dents.  Le vide sidéral de ma vie sociale et la solitude, la solitude imposée et que je me suis imposée aussi pour ne pas déranger, pour ne pas exposer les autres à mes questionnements, à mes angoisses, à mes peurs.  Oui pour ne pas les exposer, les confronter à cette pourriture qu'est le cancer.  Pour me protéger aussi.  Me protéger des regards compatissants, de la pitié, des paroles malhabiles, de la gêne de l'interlocuteur.

Est-ce que cela aura servit ?

 J'aurai la réponse lundi...

Et là j'ai à nouveau envie de faire l'autruche.  De décommander le rendez-vous.  Oui je sais c'est lâche !
Mais pourquoi savoir ?  Vouloir savoir, c'est aussi déjà s'imaginer jusqu'où on ira dans l'acceptation des traitements éventuellement à venir.  C'est déjà entrevoir les galères et se poser la question : jusqu'où irai-je ? jusqu'à quand accepterai-je de subir des traitements aussi lourds ?    Et pour quels résultats...

Vi surtout : et pour quels résultats.  La vie je l'aime !   A la folie.  Mais durant 6 mois, de mai à octobre, ce n'était pas la vie.  Ce n'était qu'un erzats.  Une parodie.  Une falsification. 

Cher lecteur, dis-toi bien que ce qui précède sont des pensées "brutes de décoffrage" comme on dit.  D'habitude ici, je suis moins directe.  D'habitude, je n'écris pas ce genre de pensées ici, je les pose dans un cahier - brouillon comme il se doit ;).

Mais là j'ai la flemme de prendre le bic, le clavier va plus vite.  Et puis, après tout pourquoi pas, vu que le contenu de mon cahier finira probablement sur le net aussi...  sourires.


Ah oui j'oubliais : B.A.C.* = bonne à continuer ;-)   rires











8 commentaires:

  1. Ben voui pourquoi pas, on est un peu là pour ça aussi, non ? Et pis une tite claque dans la gueule n'a jamais tué un blogueur, sinon faut aller lire les recette de broderies !
    Tu l'auras ton BAC ++++++++++++++++++++...! t'as pas lésiné sur les révisions, tu l'auras !

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  2. Ce sont sans doute exactement les mêmes questions que se pose mon frère en ce moment. Alors, moi, j'aime ton billet parce qu'il est franc. On ne va pas fermer les yeux encore longtemps, non, sur cette saloperie!

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  3. Ton commentaire pose le vrai problème je crois...

    La non communication entre les malades et les autres, ceux qui sont du bon coté.

    Il y a comme une impossibilité de communication.

    Ceux qui sont atteints par le mal ne veulent pas (ou n 'osent pas) parler de leur galère, les autres ont, par pudeur aussi, je crois, peur de questionner, de dire, d'en parler.

    Le tabou de la maladie, de la mort est étouffant, du moins à mon avis.

    J'aimerais vraiment pouvoir en parler à coeur ouvert. Mais en moi aussi, ce tabou me freine et me retient...

    C'est balot hein ! sourires

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  4. Cette impossibilité de communication me fait penser à ce que j'ai entendu dire un jour d'une rescapée d'Auchwitz. C'était une vieille dame et elle disait qu'elle n'avait jamais pu parler parce qu'elle se sentait coupable d'être revenue et pas les siens. Elle avait été (un peu) du bon côté et ne le supportait pas. C'est un peu je crois, toute proportion gardée, ce que ressentent les bien-portants face aux malades. C'est quand même un comble ce sentiment de culpabilité quand on a juste un peu de chance (et peut-être une chance toute provisoire en ce qui concerne la santé). Et c'est une belle saloperie qui fausse les rapports humains et on a du mal à y échapper ! On a tous tellement été élevé avec ça.
    Et puis comme serpent qui se mord la queue on ne fait pas mieux. Tout le monde freine, tout le monde se renferme et tout le monde bat sa coulpe.
    Et moi je dis tout ça, et je sais pertinemment que c'est plus facile à écrire qu'à dire...et qu'à mettre en pratique. Chuis pas plus dégourdie que les autres !!!!

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  5. Tu as raison, Plume

    Les uns sont gènés d'être malades (perdants?) les autres sont génés de faire partie des vainqueurs. Tous sachant bien évidemment que les rôles peuvent varier.

    La culpabilité on l'a bue au biberon, on nous l'a enseignée dès le plus jeune age.

    Tu vois ? comment dire ? les "bien portant" je ne les envie pas, je ne leur en veut pas, simplement pour moi, on est pareil, on est vivant, on est entiers ! même si parfois je manque d'énergie ou de volonté, je suis humaine tout pareil.

    J'ajouterai que les biens portants n'ont pas à subir les malades. surement pas ! Ils ont à vivre leur vie, avant tout ! sourires.

    Mais je suis persuadée que si le tabou tombe, tous, autant que nous sommes, seront plus libre.

    Penser à la mort, a la maladie sans tabous,et en parler, ne peut que libérer l'âme...

    Je sais... il a fallu que je "tombe" malade pour découvrir ça...

    Et encore ? est ce une vérité ?

    sourires

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  6. Pour ma part, je n'ai pas cette pudeur face à la maladie et à la mort. S'il faut parler, je parle, sans chercher à être intrusif mais sans fuir non plus. J'ai trop souffert de ce silence lors de la maladie et du départ de Pierre. Mais je n'ai jamais considéré un malade comme différent de moi, je n'ai jamais non plus chercher à le tromper sur son véritable état de santé. Pour moi, faire comme si est le plus abominable manque de respect de l'autre.

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  7. Désolé, j'ai un peu lâché prise au niveau des blogs ces jours-ci... Mais tu as tellement raison dans ta colère : c'est dégueulasse d'avoir à vivre ça. On peut essayer toutes les tactiques, toutes les distances, toutes les complicités pour affronter la bête... ça n'en est pas moins vraiment dégueulasse. Je t'embrasse.

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